Le gouvernement a récemment acté, dans le cadre du projet de loi de finances (PLF) adopté via l’article 49-3, une mesure longtemps attendue par la filière solaire française : l’application d’un taux de TVA réduit à 5,5 % pour les installations photovoltaïques résidentielles jusqu’à 9 kWc, destinées à l’autoconsommation.
Une victoire portée de longue date par Enerplan, syndicat des professionnels de l’énergie solaire, qui milite depuis plusieurs années pour cette reconnaissance fiscale du solaire comme solution de transition énergétique accessible.
Cependant, cette mesure ne sera effective qu’à partir du 1er octobre 2025. Un report qui suscite de vives inquiétudes parmi les installateurs et acteurs du secteur.
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1. Une mesure fiscale stratégique pour accélérer la transition énergétique
Jusqu’à présent, les installations photovoltaïques domestiques étaient soumises à un taux de TVA de 10 %, ce qui représentait un frein économique pour de nombreux ménages.
Le passage à 5,5 %, soit le taux applicable aux travaux de rénovation énergétique, permet de :
- Aligner le solaire avec d’autres solutions vertueuses comme l’isolation ou les pompes à chaleur ;
- Réduire le coût global d’une installation de près de 15 % ;
- Faciliter l’accès des ménages modestes à l’autoconsommation énergétique ;
- Renforcer l’attractivité du solaire résidentiel face à la hausse des prix de l’électricité.
En clair, cette réforme marque une reconnaissance politique et fiscale du solaire comme outil incontournable de la transition énergétique française.
2. Un délai d’application qui fait polémique
Si la mesure est saluée, le choix de repousser son entrée en vigueur à octobre 2025 pose problème.
Les installateurs redoutent un effet d’attentisme : pourquoi investir aujourd’hui alors qu’une économie de 15 % sera possible dans quelques mois ?
- Emmanuel Coulomb (Watt & Home) estime que ce report pourrait créer un “quasi moratoire de 9 mois”, fragilisant les carnets de commandes.
- Maëlig Rongeau (Heol Breizh 29) va plus loin en affirmant que cette échéance “met en danger direct” son entreprise et ses salariés, en poussant les clients à différer leurs projets.
- D’autres acteurs comme Emilie Domange pointent le risque de ralentir une dynamique résidentielle pourtant en forte croissance.
En somme, la réforme est perçue comme une victoire à double tranchant : bénéfique à long terme, mais potentiellement destructrice à court terme.
3. Une victoire d’Enerplan et une responsabilité partagée
Cette avancée est le fruit d’un lobbying constant d’Enerplan, qui portait cette revendication depuis des années lors des discussions budgétaires.
Jusqu’ici, la mesure avait systématiquement été écartée. Son adoption marque donc une rupture politique et valide la stratégie de persuasion menée par les acteurs de la filière.
Mais cette victoire s’accompagne d’une responsabilité :
- Travailler avec le ministère pour clarifier les modalités d’application via un arrêté à paraître ;
- Éviter les trous d’activité en proposant des mécanismes de transition d’ici octobre 2025 (par exemple, des aides complémentaires ou un calendrier anticipé).
4. Quels impacts pour le marché solaire résidentiel ?
La décision de réduire la TVA aura des effets majeurs :
- Boost de la demande à partir de fin 2025, avec une démocratisation massive du solaire domestique ;
- Pression sur les installateurs, qui devront absorber un afflux de projets en peu de temps ;
- Risque de ralentissement en 2024-2025, avec des reports d’investissements en attente de la baisse.
En d’autres termes, cette mesure prépare un choc de demande qui pourrait être positif si le secteur s’y prépare correctement, mais déstabilisant si aucune solution transitoire n’est mise en place.
Conclusion
La baisse de la TVA à 5,5 % pour le petit solaire est une avancée historique qui place enfin l’autoconsommation au cœur des dispositifs fiscaux de la rénovation énergétique.
Cependant, son report à octobre 2025 crée un paradoxe : une bonne nouvelle pour demain qui pourrait se transformer en crise pour aujourd’hui.
👉 Le défi pour la filière et pour le gouvernement est donc clair : assurer la continuité du marché d’ici l’entrée en vigueur de cette réforme, afin de transformer cette victoire politique en véritable accélérateur de transition énergétique.
