Dans un contexte de bouleversement politique, la Commission Européenne s’apprête à modifier son interdiction emblématique de 2035 sur les nouveaux véhicules à moteur à combustion. Cette conversion de la politique vise à remplacer l’objectif strict de réduction de 100 % du CO₂ par une coupe moyenne de flotte plus flexible de 90 %.
Contexte et raison du changement
Ce changement de cap, qui devrait être officialisé sous peu après d’intenses campagnes de lobbying, résulte de pressions croissantes de pays comme l’Allemagne et l’Italie, ainsi que de grands constructeurs automobiles tels que Volkswagen, Stellantis et Ford. Ces acteurs ont mis en garde contre des ventes de véhicules électriques (VE) au ralenti, des coûts en hausse, un réseau de recharge inadapté et une concurrence féroce des leaders chinois comme BYD.
Impact sur l’industrie automobile
Les fabricants européens accélèrent la production de VE mais restent à la traîne derrière Tesla et leurs concurrents chinois, la demande ne suivant pas le rythme malgré les tarifs de l’UE sur les VE importés. Les acteurs historiques de l’industrie voient l’objectif initial de zéro émission comme peu viable dans cette conjoncture.
La division dans l’industrie
L’industrie est fortement divisée : les géants traditionnels optent pour des objectifs de réduction par étapes d’ici 2030 (réduction de 55 % pour les voitures), éliminant des objectifs plus stricts pour les utilitaires, et des crédits pour des matériaux durables comme l’acier à faible teneur en carbone. Ils plaident également pour des incitations à l’électrification des flottes d’entreprise—qui représentent 60 % des nouvelles ventes—et une nouvelle catégorie de petits VE abordables avec des allégements fiscaux et des crédits de CO₂ supplémentaires pour faciliter la transition.
Les arguments opposés
À l’inverse, les acteurs du pur électrique comme Polestar et les infrastructures telles que ChargePoint estiment que tout assouplissement risque de freiner les investissements et d’accentuer l’avantage concurrentiel de la Chine, altérant les efforts de décarbonisation. Les défenseurs de l’environnement, y compris Transport & Environment, insistent pour maintenir la ligne rouge, en rejetant les biocarburants et e-fuels comme rares, coûteux, et pas vraiment neutres en carbone.
Une nouvelle voie technologique
La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a adopté une approche « multi-technologies », exprimant une ouverture à l’innovation tout en poursuivant les objectifs climatiques. Alors que les experts prédisent que les moteurs à combustion interne perdureront sous certaines formes au cours du siècle, la grande question demeure : ce pivot pragmatique saura-t-il protéger l’avenir automobile de l’Europe ou diluera-t-il l’effort urgent pour une transition plus écologique ?
