Nichée au cœur de la Vallée de la Loire, le Château d’Ussé se dresse comme un symbole majestueux de l’histoire et de l’architecture française. Ce château emblématique, souvent considéré comme l’inspiration pour « La Belle au bois dormant » de Charles Perrault, combine des éléments de fortifications médiévales et d’élégance Renaissance. Situé près des rives de la Loire, il fait partie d’une région réputée pour ses paysages pittoresques et son importance historique. Aujourd’hui, le Château d’Ussé est non seulement une résidence familiale, mais aussi une destination touristique prisée, attirant des visiteurs du monde entier pour explorer son riche patrimoine et son architecture spectaculaire.

Armand Taïeb (AT) : Vous n’avez pas de Starlink chez vous ? Comment ?

Stanislas de Blacas (SdB) : Non malheureusement non, il faudrait qu’on en installe une. Ce serait intéressant de voir le résultat. Le problème, c’est que la maison est grande avec des murs assez épais, il faudrait énormément de relais.

AT : C’est vrai, c’est vrai. Tandis que là en 4G, il y a les fenêtres, les fenêtres, c’est les relais.

SdB : C’est vrai. Mais effectivement, ça peut être un problème.

AT : Pour revenir sur le château, le Château d’Ussé est un des grands châteaux de la Loire qui doit une partie de son apparence actuelle à la Renaissance, à l’époque où ont été construits des châteaux comme Chenonceau et Chambord, comme une demeure de prestige pour la haute noblesse. Il a une histoire un peu plus ancienne parce qu’on a une base médiévale, c’était un château fort à l’origine. Et aujourd’hui, c’est un château qui partage une demeure de plaisance pour la famille. On y passe encore nos vacances, certains week-ends, on vit encore comme demeure de plaisance. Et il y a une dimension touristique assez importante depuis l’ouverture du château au public en 1974. L’idée de l’ouverture du château au public était de faire partager le monument et que les gens contribuent à sa restauration.

SdB : Le château, on a souvent demandé le nombre de mètres carrés des pièces, on ne l’a pas. On peut même se demander qu’est-ce qui est une pièce avec les nombreux souterrains, il y a beaucoup de caves de souterrains, de greniers. Par contre, on a refait toutes les toitures, donc on sait quelle est la surface de la toiture. La surface de la toiture fait 1 hectare, c’est 10 000 mètres carrés. Donc ça donne une idée de l’emprise au sol. La totalité de la propriété fait aujourd’hui à peu près 1 000 hectares. Il y a 220 hectares qui sont clos de murs autour du château et qui ont été clôturés au XVIIe siècle.

AT : Et donc en termes d’exposition, vous donnez accès à une aile, les jardins ?

SdB : Alors on donne accès à l’essentiel du château. Donc les gens vont visiter, il y a deux visites intérieures. Il y a une visite intérieure qui va montrer des pièces plutôt du XVIIe, XVIIIe, XIXe, avec des volumes, avec des pièces que l’on voit dans les châteaux Renaissance. Et on a une deuxième exposition qu’on a axée sur la Belle au Bois Dormant. Donc c’est un circuit dans lequel on découvre des scènes de la Belle au Bois Dormant et qui se repose dans la partie médiévale du château. Donc là, on a des tours avec des murs très épais. Donc l’intérieur des tours est très restreint avec des petits escaliers en colimaçon, des chemins de ronde, une architecture très différente et beaucoup plus médiévale. C’est la partie du château du XVe siècle qu’on découvre à travers le circuit de la Belle au Bois Dormant. On ouvre aussi des terrasses qui ont été dessinées par Le Nôtre et les dessins de buis et de fleurs ont été dessinés par Le Nôtre. Les murs des terrasses ont été dessinés par Vauban, dont la fille avait épousé le propriétaire du château d’Ussé au XVIIe siècle, qui sont également ouvertes à la visite. Il y a une très belle chapelle, la Collégiale Sainte-Anne, qui date de 1535, qui est un monument typique des débuts de la Renaissance française, qui est également ouverte au public. Et puis, on ouvre les écuries, on ouvre des caves pour que les gens puissent avoir une vision d’ensemble d’un château. L’idée, ce n’est pas de montrer 100 pièces identiques, c’est que les gens puissent voir des choses très différentes. Le Château d’Ussé est un château très riche, avec des choses très différentes. Et je pense que quand on vient visiter Ussé, on voit énormément de choses et on cumule des visites d’aménagements très différents.

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AT : Et puisque vous avez refait toute la toiture aujourd’hui, et que c’est le centre d’attention de beaucoup de propriétaires de châteaux aujourd’hui, qu’est-ce qui vous occupe et quel serait votre prochain projet de rénovation ou d’embellissement lié au château ?

SdB : On fait des restaurations tous les ans, on fait beaucoup de maçonnerie en ce moment, que ce soit de la grosse maçonnerie. On a refait des arches qui permettent d’accéder aux terrasses sur les deux ou trois dernières années. On a refait des frontons de lucarne, qui sont des sculptures qui n’étaient souvent pas en très bon état. Le tufau se sculpte très bien, mais il résiste assez mal à l’eau. Et très souvent, les sculptures qui avaient 300 ou 400 ans étaient très abîmées. Une partie d’entre elles ont été restaurées, il en reste encore à restaurer. On restaure une grande sculpture sur la chapelle de la Sept-Automnes, c’est le plus gros travail pour cette année. Dans les postes budgétaires très importants aussi, il y a les vitraux de la chapelle. On a commencé l’année dernière, on en a fait un petit tronçon, mais ça fait partie des choses qu’on va faire dans les cinq ou six prochaines années. On a toujours beaucoup de choses à faire. Il y a des pièces intérieures qu’on restaure aussi régulièrement pour les ouvrir au public. Il y a encore des pièces dans le château qui ne sont ni à usage privé, ni ouvertes au public, qui nécessitent des restaurations importantes, et on les ouvre petit à petit. On va en ouvrir une au-dessus de la chambre du roi l’année prochaine, qu’on est en train de restaurer par exemple.

AT : Et est-ce que vous avez des partenaires publics ou privés que vous souhaitez mentionner ?

SdB : Jusqu’à maintenant, les touristes qui viennent financent les restaurations du château. Si on fonctionne exclusivement comme ça, on ne demande aucune subvention, on n’a pas de partenaire, on pourrait étudier cette possibilité. La logique de l’ouverture au public, c’était que les gens venaient admirer le château et en profitaient, et leur contribution permettait d’améliorer le château et de restaurer le château. Pour l’instant, nous, on ne vit pas dessus. Il n’y a aucun bénéfice dégagé sur le château. L’idée, c’est de réinvestir la totalité de l’argent du tourisme dans la restauration du monument.

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AT : Entendu. Très bien. Et comment vous avez géré le sujet de l’énergie dans ces dernières années ?

SdB : Le sujet de l’énergie est un problème. Les factures électriques ont explosé. On a une chaudière au mazout qui consomme, pour vous donner une idée, 50 000 litres par an, ce qui est une aberration. Il y a beaucoup de problèmes liés à l’énergie ici. Les murs sont très épais, donc ce ne sont pas du tout des passoires thermiques. Par contre, les fenêtres le sont. Il y a beaucoup, surtout sur la partie Renaissance, la partie médiévale, les fenêtres sont plus petites. Il y a moins de déperdition de chaleur. Dans la partie Renaissance, il y a des déperditions de chaleur très importantes. Et les vitraux anciens sont imparfaits parce qu’ils étaient chauffés à des températures moins fortes et très fins. Si on les remplace par du double vitrage moderne, on a des vitraux qui sont très transparents et ce n’est pas très joli. Ça ne donne pas un aspect ancien. J’avais essayé de gérer un peu le problème. On a un moulin où on a un droit d’eau, donc on a le droit de produire de l’hydroélectricité. Et on aurait pu avoir le moulin en face du château qui allait dans une pompe à chaleur et fonctionner au moins, pas forcément quand il fait moins 10°C à l’extérieur, mais 95% du temps avec la pompe à chaleur. Mais l’administration n’est pas très favorable à ce type de projet parce qu’ils veulent restaurer ce qu’ils appellent la continuité écologique et que la mentalité de l’administration aujourd’hui est plus de casser les moulins que de leur donner une utilité économique ou pour produire de l’énergie. Je pense qu’à 10 ans, si l’administration voulait bien être un peu plus raisonnable, on pourrait supprimer 90% des 50 000 litres de mazout en

alimentant une pompe à chaleur avec l’énergie des moulins en face du château. La turbine existe, c’est un moulin qui fonctionne depuis 500 ans, mais aujourd’hui, l’énergie de la turbine n’est plus utilisée et il faudrait pouvoir l’utiliser, je fais un compte-rendu avec la DDT là-dessus, pour produire de l’électricité.

AT : D’accord, donc j’allais justement vous poser la question, est-ce que vous avez exploré la perspective solaire pour produire de l’électricité ?

SdB : Alors la perspective solaire, nous, on est plein Nord, c’est l’hiver qu’on a besoin d’électricité si on veut chauffer avec une pompe à chaleur, le château de l’hiver, du soleil, il n’y en a pas, et en plus, se remettre dans les champs en face, il y a une question de paysage, je pense qu’on n’aura pas l’autorisation de faire ça, et à juste titre d’ailleurs, je pense que dans le cas du château d’Ussé, le solaire n’est pas une bonne option, je pense que la meilleure solution c’est l’hydroélectricité. On pourrait aussi envisager une solution sur la biomasse, le domaine est grand, il y a des terres agricoles, bon les matières premières agricoles ne valent pas du tout ce qu’elles valaient il y a 50 ans, donc il y a beaucoup de zones en recherche qui pourraient être utilisées pour faire par exemple du Miscanthus ou des choses comme ça qui feraient de la biomasse pour se chauffer, mais je pense que la meilleure option, la plus rationnelle et la plus écologique, et c’est celle sur laquelle je veux avancer, c’est l’hydroélectricité.

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AT : D’accord, en tous les cas on sent effectivement que c’est un enjeu important.

SdB : C’est un budget et un gaspillage, on est tous sensibles à la question environnementale, ce n’est pas négligeable et en plus c’est un gaspillage de ressources qui pourrait être bien mieux utilisé et resterait le château.

AT : Et concernant vos équipements, pour ceux qui viendraient vous visiter, est-ce que vous disposez de bornes de rechargement sur votre parking ?

SdB : Non, on n’a pas de bornes de rechargement. Pour les vélos, on les recharge à la loge, à l’accueil, les gens peuvent laisser leur batterie, on les recharge, mais pour les voitures, on n’en a pas. Ça pourrait, pourquoi pas, être envisagé, je ne sais pas en termes si tout le monde ne viendra pas se brancher dessus, il faudrait voir l’électricité, c’est compliqué à surveiller, mais c’est vrai que ça fait partie des choses auxquelles on a déjà pensé. Si les voitures électriques venaient à se développer, actuellement c’est quand même une très faible partie des gens qui viennent visiter, on avait fait une petite enquête l’année dernière pour voir, ça reste presque marginal. S’il y avait 20, 30, 40, 50% de voitures électriques, on a la place sur le parking pour le faire et je pense qu’il faudrait le faire.

AT : Et enfin, dernière question, est-ce que vous recommandez ou vous avez des tables et des activités familiales dans le château ou à proximité ?

SdB : Alors, dans le château, non, on ne fait pas de restauration et pas d’hôtellerie dans le château. Il y a un snack qui fait de la restauration, pas de la restauration gastronomique, mais une restauration très correcte juste en face du château. Et la mairie a un projet d’ouvrir un restaurant gastronomique, mais pour l’instant, ils sont en travaux et il faut qu’ils cherchent un chef. Actuellement, à Ussé, il n’y a pas de restaurant étoilé ou gastronomique, il faut aller jusqu’à Chinon qui est à peu près un quart d’heure en voiture. Pour les familles, il y a le circuit de la Belle au Bois Dormant qui est très axé familles, très axé enfants. Et on a un jeu, les enfants suivent un jeu avec des questions sur le monument, il y a des indices tout au long de la visite. Et quand ils ont bien répondu, ce qui généralement est le cas, ils y arrivent, ils y passent plus ou moins de temps, souvent selon leur âge. Mais quand ils ont bien répondu, ils ont un cadeau en partant.

AT : Parfait. Merci beaucoup, Stanislas.

SdB : Avec plaisir, Armand. Merci pour votre intérêt pour le Château d’Ussé.

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