Les partenaires Stratégiques de Tesla pour les batteries

Panasonic, CATL, LG Energy Solution, BYD… et toute la galaxie de fournisseurs de matériaux (nickel, lithium, graphite, cobalt) qui rend possible l’ambition de Tesla.

Qui sont les principaux partenaires dans la fabrication des batteries Tesla?

  • Fabrication de cellules : Panasonic (18650/2170 et 4680), CATL (LFP/M3P et Megapack), LG Energy Solution (2170/NCM et LFP pour stockage), BYD (LFP « Blade »/CTP, notamment pour Megapack Shanghai).
  • Approvisionnement en matériaux : Nickel (Vale, Prony Resources, BHP), Lithium (Yahua, Ganfeng, Piedmont), Graphite (Syrah Resources), Cobalt (Glencore).
  • Intégration verticale : cellules 4680 fabriquées en interne + raffinerie de lithium au Texas + cathode plant à Austin, complétées par un écosystème de recyclage (Redwood Materials et les lignes propres de Tesla).

La vision de Tesla

Depuis 2012, Tesla a déployé une stratégie hybride : faire soi-même ce qui est différenciant (pack, BMS, 4680, raffinage Li) tout en sécurisant des volumes et chimies multiples via des partenaires. Résultat : une chaîne d’approvisionnement multi-source, géographiquement diversifiée et chimique­ment redondante (NCA/NCM/LFP/M3P). Cette architecture est la clé de ses coûts/kWh, de la montée en volumes et de la résilience face aux chocs de marché.

1) Les partenaires « cellules » (cell manufacturing)

Panasonic — le partenaire historique (NCA 18650/2170 + 4680)

  • Rôle : co-locataire de Giga Nevada avec Tesla depuis 2014 ; production des 18650 (S/X, Japon) puis 2170 NCA (Model 3/Y), et montée vers 4680 (lignes au Japon ; projet d’usine au Kansas).
  • Pourquoi c’est clé : constance de qualité, forte densité énergétique pour longs trajets, co-développement process.
  • Actus : Panasonic a démarré la production 4680 au Japon et prévoit d’étendre la capacité en Amérique du Nord (projet Kansas). Des retards d’outillage ont décalé une partie du ramp-up, mais l’objectif 4680 reste confirmé.
Lire également :  Tesla lance les livraisons de la nouvelle Model 3 Performance en Chine

CATL — le géant LFP/M3P et l’ombre portée sur le stockage

  • Rôle : principal fournisseur LFP prismatic pour Model 3/Model Y Shanghai et importants volumes pour Megapack (stockage réseau). CATL apporte aussi des chimies M3P et l’approche CTP (cell-to-pack) qui augmente la densité volumétrique et abaisse les coûts.
  • Pourquoi c’est clé : LFP = coût bas, durabilité, pas de cobalt ; idéal pour Standard Range et pour l’énergie stationnaire.
  • Actus : CATL reste un pilier de Tesla Chine et un contributeur majeur aux Megapack aux côtés d’autres fournisseurs.

LG Energy Solution — la polyvalence (NCM & LFP, auto + stockage)

  • Rôle : fourniture 2170/NCM (notamment pour Shanghai) et LFP pour le stockage ; LGES est devenu un second pilier non-chinois pour sécuriser les volumes hors Chine.
  • Actus : en 2025, plusieurs médias US/KR ont rapporté un gros contrat Tesla-LGES pour des cellules LFP destinées au stockage (12–20 GWh), renforçant la redondance de Tesla côté Megapack/Powerwall.

BYD — l’option « Blade » et l’accélérateur du Megapack Shanghai

  • Rôle : LFP Blade (cell-to-pack) ; fournisseur pour Megapack (usine de Shanghai ouverte fin 2024) et, ponctuellement, pour certains Model Y en Europe/Chine selon les périodes et variantes.
  • Actus : Reuters a confirmé BYD comme fournisseur de Megapack à Shanghai ; côté véhicules, la présence de BYD reste opportuniste/limitée selon les trimestres, sans supplanter CATL/LGES.

Opinion : Sur l’axe « coût/volume », le duo CATL + LGES est aujourd’hui aussi déterminant que Panasonic. BYD, via Megapack Shanghai, ajoute un troisième pied côté stockage, ce qui réduit le risque d’approvisionnement et renforce la compétitivité des systèmes stationnaires de Tesla.

2) L’intégration maison : 4680, cathodes & raffinage de lithium

  • 4680 in-house : Tesla fabrique des cellules 4680 (dry-electrode, tabless) au Texas (après Kato Road) pour réduire le coût/kWh et simplifier le pack (structural pack). Les volumes restent en progression incrémentale et coexistent avec des 2170/4680 externes.
  • Cathode plant à Austin : Tesla a engagé la production interne de matériaux de cathode au Texas afin de réduire coûts & dépendance et bénéficier de crédits IRA.
  • Raffinerie de lithium (Texas) : démarrage opérationnel fin 2024 / début 2025 (mise à feu du four, premières transformations) ; objectif : lithium pour ~1 M de véhicules/an, avec un procédé visant des sous-produits plus « propres ».
Lire également :  🇪🇺 Cybertruck en Europe : Le Dilemme Réglementaire et la Date de Livraison Tant Attendue

3) Les partenaires « matières premières » (mines & chimie)

Nickel (cathodes riches en Ni)

  • Vale (Canada) : contrat long terme pour du nickel « low-carbon » produit au Canada pour l’Amérique du Nord.
  • Prony Resources (Nouvelle-Calédonie) : offtake multi-annuel ~42 000 t ; illustre la diversification « francophone/indo-pacifique ».
  • BHP (Australie) : accord majeur annoncé en 2021 (Nickel West). NB : BHP a suspendu une partie de Nickel West en 2024, rappelant l’importance de multiplier les sources.
  • Talon Metals (USA, Minnesota) : accord 2022 pour ~75 000 t de concentré (projet Tamarack), visant à relocaliser une part de l’amont nickel aux États-Unis.

Lithium (hydroxide/carbonate, raffinage & concentrés)

  • Yahua (Chine) : hydroxyde sur 2021–2025, prolongé jusqu’en 2030 ; en 2024, accord rapporté pour carbonate 2025–2027 (+ option 2028).
  • Ganfeng (Chine) : accords 2018–2020 puis nouveau cadre 2022–2024/25 pour l’hydroxyde.
  • Piedmont Lithium (USA/Canada) : 125 000 t de SC6 à livrer H2 2023–fin 2025 (amendement à l’accord 2020).
  • Raffinage interne (Texas) : voir ci-dessus ; l’usine peut traiter les SC6 de Piedmont et d’autres (ex. Liontown), renforçant l’autonomie de Tesla.

Graphite (anode)

  • Syrah Resources (Mozambique → Louisiane) : offtake 2021 pour l’AAM (Active Anode Material) produit à Vidalia (USA) ; montée en production fin 2023–2024.

Cobalt

  • Glencore : accord long terme 2020 (alimentation des usines européennes/US), même si Tesla réduit la teneur Co grâce à LFP/Ni-rich.

Opinion : Le « cocktail » de Tesla mêle des sources Chine (Yahua, Ganfeng) pour la compétitivité, et Amérique du Nord/alliés (Vale, Syrah, Piedmont, Talon) pour la conformité IRA et la sécurité stratégique. C’est pragmatique, pas idéologique.


4) Stockage stationnaire : un trio décisif (CATL, LGES, BYD)

Le Megapack et le Powerwall privilégient le LFP (coût, sécurité, endurance). D’où un mix fournisseurs : CATL historiquement massif, LGES en renfort (contrats 2025 rapportés), et BYD co-fournisseur confirmé pour Megapack Shanghai. Cette pluralité explique la baisse du $/kWh et les délais améliorés côté projets réseau.

Lire également :  When Tesla Optimus Meets David Guetta: The Robot DJ of the Future

5) Recyclage & « boucle fermée »

  • Redwood Materials (JB Straubel) : recyclage des rebuts Panasonic à Giga Nevada et fourniture de cuivre d’anode/cathode materials issus de recyclage. Objectif : 95 %+ de récupération de métaux (Ni, Co, Li).
  • Recyclage interne Tesla : l’Impact Report 2022 évoque ~100 t/semaine de capacité de recyclage à Giga Nevada (2022).

6) Chronologie éclair (repères)

  • 2014–2017 : Panasonic/Tesla montent Giga Nevada (2170 NCA).
  • 2018–2020 : premiers accords Li (Ganfeng), montée en puissance cellules 2170, arrivée CATL.
  • 2020–2022 : LFP pour Model 3 SR en Chine (CATL) ; accords nickel (BHP, Vale, Prony) ; 4680 dévoilée puis industrialisation.
  • 2023–2025 : Piedmont livre SC6 ; Texas Lithium Refinery démarre ; Megapack Shanghai ouvre avec BYD parmi les fournisseurs ; LGES renforce l’approvisionnement LFP pour le stockage.

Ce qu’il faut surveiller en 2025

  1. Montée 4680 (interne & partenaires) et son coût/kWh réel vs 2170/LFP.
  2. Régime IRA : arbitrage d’origines (US/alliés vs Chine) dans les choix de chimie, surtout pour les modèles US/EU.
  3. Stockage : Megapack Shanghai (BYD + CATL) et contrats LGES pourraient réduire davantage les coûts et délais d’installation.
  4. Nickel : évolution de BHP Nickel West et capacité de Talon (US) à livrer, dans un contexte de prix volatils.

Conclusion (opinion)

À l’heure où le marché bascule vers des volumes massifs et des coûts ultra-compressés, la force de Tesla n’est pas d’avoir un fournisseur « parfait », mais d’avoir architecturé un réseau où chaque partenaire joue une partition précise :

  • Panasonic pour la qualité/densité longue distance,
  • CATL/LGES/BYD pour la compétitivité LFP et l’accélération du stockage,
  • un socle matières diversifié (Vale, Prony, BHP, Yahua, Ganfeng, Piedmont, Syrah, Glencore),
  • et une intégration maison (4680, cathode, raffinage Li) qui verrouille l’avantage coût-performance.

Cette alchimie – plutôt qu’un pari monogame – explique la capacité unique de Tesla à tenir ses volumes tout en défendant la marge et en décrochant des coûts/kWh parmi les plus agressifs de l’industrie.

Publications similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *