Pourquoi l’utilisation d’une carte de rechargement augmente le prix de la recharge ?

Le développement de la mobilité électrique s’accompagne d’un vaste écosystème d’acteurs : constructeurs, opérateurs de bornes et intermédiaires proposant des cartes de recharge universelles. Ces cartes se présentent souvent comme une solution pratique pour accéder à plusieurs réseaux avec un seul moyen de paiement. Mais de nombreux automobilistes découvrent, parfois avec stupeur, que cette praticité a un coût.

Un exemple frappant a récemment circulé sur les réseaux sociaux : un conducteur raconte avoir utilisé sa carte Ulys pour recharger sur une borne Electra. Résultat : au lieu du tarif public de 0,36€/kWh, la facturation via la carte est montée à 0,858€/kWh. Un écart de plus de 138 %. Comment expliquer une telle différence ?


1. Comprendre le rôle des cartes de recharge

Les cartes de recharge type Ulys, Chargemap, Plugsurfing ou Shell Recharge se présentent comme des agrégateurs.

  • Leur promesse : simplifier l’accès aux bornes en regroupant plusieurs réseaux sous une seule interface.
  • Leur fonctionnement : elles ne possèdent pas leurs propres bornes, mais achètent des kWh auprès des opérateurs (Electra, Ionity, TotalEnergies, etc.) et les refacturent ensuite aux utilisateurs.

👉 En d’autres termes, elles jouent le rôle d’intermédiaire commercial.


2. Pourquoi la facture grimpe avec une carte intermédiaire

Trois éléments expliquent les écarts de prix :

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a) La marge de l’intermédiaire

Les cartes appliquent une commission pour couvrir leurs coûts (gestion, service client, développement technologique) et générer une marge. Cette commission peut être fixe ou variable, mais elle se traduit directement par un prix au kWh plus élevé.

b) L’absence de transparence tarifaire

Les utilisateurs n’ont pas toujours accès au tarif exact avant d’activer la recharge via leur carte. Contrairement aux bornes qui affichent leur prix au kWh, les cartes reposent sur des tarifs négociés et parfois peu lisibles.

c) La perte d’avantages directs

Certains opérateurs, comme Electra, proposent régulièrement des tarifs préférentiels lorsqu’on paie via leur propre application. Ces remises disparaissent lorsqu’on passe par un tiers.


3. Étude de cas : Electra vs Ulys

  • Tarif direct Electra (via l’app) : 0,36 €/kWh.
  • Tarif via carte Ulys : 0,858 €/kWh.

Ce cas illustre parfaitement l’effet boule de neige :

  • marge d’Ulys +
  • conditions contractuelles entre Ulys et Electra +
  • absence d’avantages directs = prix final plus du double.

4. Le dilemme de l’automobiliste électrique

Faut-il sacrifier la praticité pour payer moins cher ?

  • Avantage de la carte de recharge : simplicité, un seul compte, moins de paperasse.
  • Inconvénient majeur : surcoût parfois disproportionné, non annoncé clairement avant la recharge.

Ce dilemme illustre un problème plus large : la complexité du marché des bornes de recharge, où la transparence tarifaire reste insuffisante.

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5. Quelles solutions pour payer le juste prix ?

  1. Toujours vérifier le prix direct sur l’app de l’opérateur avant de brancher.
  2. Limiter l’usage des cartes de recharge aux cas où elles sont réellement nécessaires (voyage à l’étranger, bornes peu connues).
  3. Faire pression pour plus de transparence : les automobilistes doivent exiger que les cartes affichent clairement les tarifs avant chaque session.
  4. Encourager les régulateurs à s’inspirer du marché de la téléphonie, où la clarté des tarifs a fini par être imposée.

Conclusion

L’électromobilité promet une expérience simple et fluide. Mais aujourd’hui, l’utilisation des cartes de recharge universelles peut transformer une solution pratique en piège financier. Le cas Ulys/Electra est loin d’être isolé et met en lumière un enjeu central : concilier simplicité et transparence.

Tant que les utilisateurs ne sauront pas précisément combien ils paient avant d’activer leur session, la confiance dans ces cartes restera fragile. Et dans la course à la démocratisation de l’électrique, chaque euro compte.


👉 Mon avis : les cartes de recharge ont un rôle utile, surtout pour ceux qui voyagent beaucoup. Mais tant que leur modèle économique reposera sur une opacité tarifaire, elles freineront plus qu’elles n’accéléreront l’adoption massive de la voiture électrique.

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