Qu’est-ce qui a conduit François Lafond de son Auvergne à Strasbourg puis à Oxford ? Ce brillant post-doctorant, aujourd’hui au compte de la Martin School d’Oxford, a récemment fait la une de certains médias avec son confrère J. Doyne Farmer. Il y a quelques semaines, les deux chercheurs ont publié une étude à l’objet simple : vérifier si la loi de Moore peut s’appliquer à d’autres domaines, dont l’énergie solaire.

Cette loi est aujourd’hui largement connue et reconnue : pour la simplifier, elle postulait dès 1965 que la puissance des semi-conducteurs doublerait tous les deux ans à prix constant. En somme, les machines électroniques sont devenues de moins en moins coûteuses et de plus en plus puissantes. Le paradigme s’est progressivement effrité au fil des décennies mais la Loi de Moore est restée un standard académique.

Les enjeux de l’électromobilité

Quel rapport avec l’électromobilité ? Très simple : la clé de son développement n’est évidemment pas son autonomie mais la capacité – pour un Etat, une entreprise, un particulier – à pouvoir fournir suffisamment d’électricité, si possible à bas prix. Dit plus simplement : à rendre la production d’électricité plus linéaire et plus abordable pour tout le monde.

A l’heure actuelle, seule la première entité peut le garantir : l’Etat. Lui seul a la capacité de pallier aux besoins personnels et professionnels en presque toutes circonstances. Les particuliers et entreprises, eux, peinent à décoller. La raison est évidemment économique. Pour un particulier, il peut s’agir d’un investissement en panneaux photovoltaïques de plusieurs dizaines de milliers d’euros pour un retour énergétique qui restera loin, voire très loin, de couvrir ses propres besoins. Le fameux ROI, retour sur investissement, à du plomb dans l’aile.

Moore, encore et toujours

C’est là qu’intervient l’étude de François Lafond. Le co-auteur de l’étude « How predictable is technological progress ? » montre très clairement que, parmi tous les domaines étudiés, le photovoltaïque est l’un des rares à pouvoir s’aligner sur la Loi de Moore ou, du moins, sur une certaine forme de régularité : cette énergie voit son coût baisser de 10% par an avec une rare constance.

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Plus surprenant, cette baisse est quasi mécanique, sans que l’augmentation de la demande ou les incitations fiscales ne l’affectent. Traduction : il y a aujourd’hui une très forte probabilité, enfin étayée par une solide étude, pour que l’énergie solaire soit à terme dominante dans le monde – non pas parce qu’elle est subventionnée ou verte mais tout simplement la moins chère.

Tesla précurseur ?

A l’heure actuelle, quelques rares offres hexagonales tentent de rendre le modèle photovoltaïque plus attrayant. « Mon soleil et moi », signé EDF, en fait partie. Le chemin reste long. L’opérateur historique n’hésite pas à parler d’ « intégration en totale harmonie » sur le toit, alors que les panneaux restent ce qu’ils ont toujours été : de larges plaques rectangulaires gris foncé, disgracieuses au possible.

L’offre Tesla de tuiles solaires semble encore la plus aboutie. Déjà, par son esthétique. Ensuite, par son délai de livraison : elle est attendue dès l’année prochaine, en 2018. Enfin, parce qu’elle n’est pas isolée mais intègre un développement complet de l’électromobilité qui s’étend de la production (tuiles solaires) au stockage (Powerwall) jusqu’à la mobilité à proprement parler (véhicule électrique, Tesla ou autre).

Le retour sur investissement de l’ensemble pourra de surcroît être renforcé par la capacité des particuliers à revendre leur production au réseau national. Une jeune start-up française se propose d’ailleurs d’accompagner cette transition énergétique individuelle. La Loi de Moore pourrait bien avoir trouvé une seconde jeunesse.

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