Monkey Pong

Après avoir testé son dispositif sur des animaux, la start-up créée par Elon Musk se prépare à réaliser des essais sur les humains dans le but d’aider les personnes malades pour, ensuite, proposer son dispositif aux sujets sains.

Avec le projet Neuralink, Elon Musk entend augmenter les capacités de nos cerveaux, soigner les personnes handicapées, la dépression ou encore les addictions. 

Quel est le projet de Neuralink ? 

En décembre dernier, à l’occasion du sommet du Conseil des PDG du Wall Street Journal, Elon Musk s’est exprimé sur les projets de Neuralink pour 2022. Fondée en 2016 par l’homme d’affaires, cette entreprise dédiée aux neurotechnologies conçoit un implant neuronal censé permettre la communication entre le cerveau et un ordinateur ou un appareil numérique. Autrement dit, il s’agira là d’une interface cerveau-ordinateur qui devrait avoir diverses applications. Pour commencer, l’entreprise souhaite développer ce dispositif pour des personnes paralysées. Elle a pour premier objectif de les aider à retrouver leur autonomie, en contrôlant un ordinateur ou un appareil numérique.

Neuralink a déjà testé sa technologie sur des animaux. En 2021, elle a d’ailleurs publié une vidéo dans laquelle un singe équipé de l’implant était capable de jouer au jeu vidéo Pong par la pensée. « Nous espérons avoir cela chez nos premiers humains, qui seront des personnes atteintes de graves lésions de la moelle épinière », déclarait alors Elon Musk. L’entreprise veut désormais tester son dispositif sur l’homme et ce, dès cette année.

En résumé, Neuralink veut développer une interface directe entre le cerveau et la machine. Un implant de la taille d’une pièce de monnaie, relié à un millier d’électrodes 20 fois plus fines qu’un cheveu. Cet implant a la même épaisseur que la boîte crânienne : il peut s’y insérer comme une pièce de puzzle. Il se recharge sans fil la nuit, par induction, grâce à un appareil placé sous l’oreiller. Les électrodes, elles, plongent dans le cortex cérébral et l’ensemble est relié aux ordinateurs via Bluetooth. « C’est comme avoir une montre connectée dans le crâne », assure Elon Musk. 

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Soigner les paralytiques, les aveugles ou les sourds

Pour l’instant, aucun être humain n’a testé ce dispositif. Les trois premiers cobayes de Neuralink sont des truies : Joyce, Dorothy et Gertrude. Ne vous en déplaise, le cerveau de l’homme est très proche de celui du cochon. Les résultats sont encore timides. On visualise l’activité cérébrale, mais on a aussi relié les impulsions neuronales avec le mouvement des quatre pattes : c’est essentiel si on veut permettre aux paralytiques de remarcher. Dans un premier temps, penser à un mouvement pourrait transmettre des impulsions directement à des prothèses-robot. 

Mais Elon Musk ne se contente jamais d’un demi-progrès : il veut aller plus loin. Il souhaite utiliser un second implant à la base de la colonne vertébrale, là où les liaisons nerveuses sont interrompues, et créer un shunt neural, une rustine en d’autres termes. Sur le long terme, il serait alors possible de rétablir entièrement le mouvement et le paralytique pourrait de nouveau marcher. 

Sur le même principe, en captant les impulsions cérébrales qui transmettent les stimuli visuels des yeux au cerveau, on pourra y relier une ou plusieurs caméras. Pareil pour les sons. Neuralink est l’une des nombreuses inventions d’Elon Musk.

Lutter contre la dépression, l’insomnie ou les addictions

Et pourquoi se limiter aux problèmes physiques ? Neuralink a l’ambition de soigner la dépression, l’insomnie, les douleurs extrêmes, les addictions et même de supprimer la peur ! C’est là que le projet commence un peu à divaguer. Il est question d’enregistrer ses propres souvenirs pour se les repasser intacts et à volonté ou les transférer dans un nouveau corps. 

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Mais ce projet est-il bien réaliste ? Les scientifiques estiment qu’on est assez proche de ce qui existe déjà, mais qu’aller si loin et si vite est assez optimiste. Pour l’instant, on en est juste au stade de l’activité cérébrale de la truie. Par ailleurs, beaucoup de questions restent encore sans réponse : quelle matière utiliser pour des micro-électrodes qui sont censées rester intactes dans le cerveau pendant des décennies ? Et comment sécuriser les données pour ne pas se faire pirater les neurones ? 

D’autres critiques subsistent, auxquelles la start-up a réagi en affirmant que « ces accusations émanent de personnes qui s’opposent à toute utilisation d’animaux dans la recherche », tout en rappelant qu’il est obligatoire de tester les dispositifs médicaux et traitements sur des animaux avant de mener des essais sur les humains. Dans son communiqué, elle explique en outre que les opérations ont, entre autres, été réalisées sur des singes « en procédure terminale ». Ils étaient ainsi sur le point d’être euthanasiés à cause de mauvaises conditions de santé préexistantes aux expériences de Neuralink.

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