Par Christophe Martinolli, auteur et scénariste de science-fiction
Il y a des personnes dans le monde, inspirantes, qui envisagent le futur avec d’autres lunettes que celles de la peur. Des personnes qui se projettent avec confiance, et espoir. Des personnes qui, au delà des vœux, posent jour après jour les actes de leur propre destin.
Il y a deux types de caractères humains : les astronomes et les astronautes. Les astronomes observent, analysent, écrivent des articles scientifiques, mesurent des mondes aux dimensions incommensurables bien au chaud depuis leur bureau, une tasse de café à la main. Les astronautes, ces héros des temps modernes, navigateurs de l’extrême bravent les limites de leur propre corps pour aller au contact et toucher les astres.
Elon Musk : l’art de transformer le rêve en réalité
Lorsque j’étais enfant, je rêvais de devenir astronaute, comme beaucoup de petits garçons et petites filles, puis la vie m’a orienté vers l’écriture des univers. Je suis donc un peu comme l’astronome. Et dans le même temps, il y a d’autres enfants qui sont devenus astronautes, ou qui ont fait de leur rêves des réalités concrètes : Elon Musk est de ceux-là.
En tant qu’écrivain, scénariste – et un peu astronome donc – j’ai la responsabilité d’accoucher et de proposer à mes lecteurs et lectrices, une représentation du monde. L’écriture d’une œuvre prend énormément de temps et sa nécessité doit être impérieuse car on vit avec pendant de longs mois avant de la livrer. Elle nous habite, on partage des émotions, certes fictives mais bien concrètes dans notre esprit. Cette nécessité répond à un besoin : celui de partager des histoires. Et certaines d’entre elles, qui anticipent notre avenir, sont redoutables.
Exploiter les ressources de l’espace pour éviter l’effondrement
L’écriture de la trilogie « Après l’effondrement » est née en réaction à la sidération – il n’y a pas d’autres mots – de la prise de conscience de la fin possible de notre type de monde dans un avenir proche. Ce déclic fondateur, cet électrochoc a été un véritable révélateur suite de la lecture de l’ouvrage « Comment tout peut s’effondrer » de Pablo Servigne et Raphaël Stevens. Comment pourrais-je envisager le monde après cela ? J’ai cherché des solutions, et n’était pas satisfait souvent des réponses apportées : décroissance, low-tech, etc … comment concilier respect de l’environnement et des ressources et énergie ? Une réponse possible est la suivante : les ressources quasi-illimitées de l’univers sont à portée de fusée et Elon Musk a justement le projet d’en fabriquer et de les exploiter. La maîtrise de l’Hélium 3 pourrait subvenir aux besoins de l’humanité avec une énergie propre pendant plus de 10 000 ans… Mais pour cela, il faudra dépenser beaucoup de temps, d’argent et d’énergie. Notre civilisation doit passer ce cap extrêmement difficile. Nous devons croître, et saisir cette chance unique, sans attendre sinon il sera trop tard, et nous aurons loupé cette fenêtre.
J’ai donc imaginé un des avenirs sombres possibles pour pouvoir justement l’éviter et tout faire pour éveiller les consciences. La trilogie part d’un postulat simple : l’accélération de cet effondrement lent par l’annonce qu’une comète géante allait tout détruire d’ici 75 ans. La certitude à date fixe de la fin des temps humains est un électrochoc. Ce scénario avait déjà été envisagé dans un docu-fiction « Evacuate Earth » diffusé par National Géographic en 2012, à l’époque où certains illuminés avaient cru voir la fin du monde dans un calendrier Maya. Les questions soulevées par ce film m’ont longtemps habité et je cherchais à le mettre en fiction – ce qui consiste à trouver des personnages et des enjeux pour prendre en charge ces réflexions. Pour réaliser cette fuite il faut mettre à contribution les meilleurs cerveaux du monde…
Nous devons quitter la Terre d’ici 100 ans
Des gens comme Elon Musk. Il révolutionne déjà le futur en l’écrivant lui-même. Conscient lui aussi de l’effondrement et du dérèglement climatique il embrasse la théorie d’un autre de mes héros : Stephen Hawking.
L’éminent physicien l’a toujours martelé : nous devons quitter la Terre d’ici 100 ans, au risque de disparaître à tout jamais. Et nous avons deux problèmes majeurs : la raréfaction des ressources, et la menace réelle de destruction massive par un astéroïde. Dans le troisième tome de la série « Après l’effondrement », je cite des passages des discours du physicien dont voici un extrait :
« Nous avons cette unique vie pour apprécier la grande beauté de cet univers, et il reste encore tant à découvrir. Nous sommes tous des voyageurs du temps, voyageant ensemble vers le « futur ». Travaillons tous pour faire de ce futur, un endroit que nous voulons voir exister. Je suis convaincu que l’être humain doit quitter la Terre et bâtir une nouvelle maison sur une autre planète. Dans les cent prochaines années, nous embarquerons pour notre plus grande aventure. Notre destinée est dans les étoiles. Nos ressources physiques se sont épuisées, à un rythme alarmant. Nous avons donné à notre planète le cadeau désastreux du changement climatique. Si le réchauffement climatique ne nous anéantit pas, la Terre sera détruite par un impact d’astéroïde. Ce n’est pas de la science fiction. Ce sont les lois de la physique et des probabilités. Rester sur Terre c’est prendre le risque d’être totalement anéanti. N’oubliez pas de regarder les étoiles et non vos pieds. Essayez de donner un sens à ce que vous voyez et demandez-vous ce qui fait que l’univers existe. Soyez curieux. Et même si la vie peut sembler difficile, il y a toujours quelque chose que vous pouvez faire et réussir. Il importe que vous n’abandonniez pas. »
Il semble qu’Elon Musk ait pris à la lettre cette injonction car il a, contre vents et marées, fondé l’entreprise qui y répond le mieux à mes yeux : SPACE X. Et ce n’est pas de la science-fiction…
Une trilogie de romans pour éveiller les consciences
En conclusion, c’est tout naturellement, que j’ai voulu lui rendre un hommage non dissimulé dans ma trilogie de romans en nommant l’un de mes jeunes héro : Elon. C’est un enfant sauvage de l’effondrement mais extrêmement intelligent. Il représente les laissés-pour-compte, ceux que les élites ont décidé d’abandonner sur la Terre… dans leurs arches spatiales. Ses parents lui ont donné ce prénom car ils ont cru eux aussi qu’ils pouvaient partir. Et enfin, plus explicite et plus flagrante, la référence visuelle sur la couverture du deuxième tome. La capsule du Magonia Consortium, de la sixième armée de France – la flotte spatiale – n’est pas sans rappeler la capsule Dragon que l’on a vu récemment partir dans l’espace.
Nous sommes à un tournant de l’histoire de notre civilisation et avons tous un rôle à jouer. La prise de conscience de son effondrement est la première étape. Se rendre compte que d’autres y ont réfléchis avant et proposent déjà des solutions est la seconde.
Ressources bibliographiques :
Après l’effondrement : Dernier départ https://amzn.to/2C74VMr
Après l’effondrement : Magonia https://amzn.to/2YzPrYU
Après l’effondrement : Fin des temps https://amzn.to/2zvU1il
Bonjour,
Merci énormément pour cette article. Vraiment très inspirant !
Leeo
Avec grand plaisir. Tout le mérite revient à l’auteur!