Richard Chemla
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Sur la Côte d’Azur, les enjeux climatiques et environnementaux sont, comme ailleurs dans le monde, au cœur des préoccupations de la plupart des élus et des citoyens. Mais à Nice et dans toute la métropole niçoise, sous l’impulsion du maire Christian Estrosi, ancien motard de compétition, ce sont désormais des priorités absolues, tout en haut de l’agenda, chaque jour. Adjoint au maire, délégué à la santé, l’écologie et le bien-être, Richard Chemla, l’a expliqué en détails à Tesla Magazine, dans une interview exclusive.

Par Daniel ORTELLI     

Quels sont les principaux résultats que vous pouvez mettre en avant sur ces dernières années, en termes de nouvelles mobilités ?

Grâce notamment au Plan Climat Energie Territorial, voté par le Conseil métropolitain en février 2013, pas moins de 140 actions réparties dans 6 domaines ont permis de progresser dans le domaine des mobilités durables. Un nouveau Plan Climat vient de voir le jour, ainsi qu’une instance dédiée, le Conseil de Métropole pour le climat, où les actions sur la mobilité et plus particulièrement les mobilités douces sont encore plus nombreuses (vélo, véhicules en autopartage, bornes électriques, minibus électriques, etc.).


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Des résultats concrets ont été obtenus comme l’augmentation de 20% du nombre de kilomètres de pistes cyclables sur le territoire métropolitain, la réalisation de la ligne 2 de tramway, qui a engendré la suppression de la circulation de 20.000 véhicules et 800 bus chaque jour sur la Promenade des Anglais, les réseaux VéloBleu et Autobleue et le développement du pool de véhicules électriques.

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L’ensemble de mesures concrétisées, qui concernaient également l’urbanisme ou la rénovation thermique et la production d’énergies propres, ont permis de faire baisser les émissions de CO2 de 5% entre 2013 et 2017 sur le territoire métropolitain, et ainsi de faire baisser de 40 % le niveau de notre pollution atmosphérique urbaine. La préparation d’une zone à faible émission en cœur de ville, la création de zones de dégroupement et une politique du dernier kilomètre décarboné, en cours d’étude, vont nous permettre d’améliorer encore la qualité de l’air en ville d’ici 2025.

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Qu’est ce qui a été le plus facile/difficile à réussir, par M. Estrosi, dans le domaine de l’écologie ?

Il n’y a pas de grands changements sans bouleversement des habitudes et pour cela il faut de grands projets, comme la création de lignes de transport. Dans ces cas-là, le défi à relever est de préparer au mieux les différentes étapes des études jusqu’au chantier en prenant en considération tous les points possibles comme la circulation ou les espaces publics mais aussi l’avis des habitants. C’est pour cela que nous organisons systématiquement de larges concertations publiques avant chaque grand projet.  Le véritable enjeu est la compréhension par le public du retentissement important sur la santé des différentes mobilités carbonées (particules fines).

Le tramway, dont le chantier a duré plusieurs années, a-t-il été la locomotive de la prise de conscience des Niçois en matière d’écologie ?

Les Niçois n’ont pas attendu l’arrivée de la ligne 2 du tramway pour soutenir nos projets écologiques. Ils font preuve d’engouement et soutiennent les initiatives destinées à améliorer la qualité de vie et la qualité de l’air de leur territoire. La preuve avec la Promenade du Paillon, ce parc en plein cœur de Nice aménagé en lieu et place d’une gare routière, qui est aujourd’hui devenu l’un des lieux les plus fréquentés de la ville. Nous constatons également l’engouement des Niçois.es pour des projets environnementaux lors des consultations publiques. Dernièrement, ils ont manifesté leur intérêt pour l’aménagement définitif d’une piste cyclable sur le boulevard Gambetta par exemple.

Néanmoins, les chiffres de la fréquentation de la ligne 2 sont une réelle preuve de l’utilité de ce moyen de transport dans la vie quotidienne de nos concitoyens ! Hors période de pandémie de Covid-19, nous comptabilisons 80 à 85 000 voyages par jour en semaine. Cela a entraîné de facto une diminution du trafic automobile et donc une baisse d’émissions de NOx et de particules fines de l’ordre de -42 % à -66 % sur l’Avenue de la Californie et de -17 % à -31 % sur la Promenade des Anglais. 

vue generale baie des anges mer bleu tourisme – crédits photos Ville de Nice


Nice est-elle en avance sur ses voisines (Cannes, Antibes, etc.) pour le nombre et la longueur des pistes cyclables ? Quel a été l’investissement réalisé dans ce domaine ?

Depuis plusieurs années, Christian Estrosi a souhaité que la Ville de Nice et la Métropole Nice Côte d’Azur se dotent d’une véritable politique cyclable, articulée à un plan de développement des transports en commun favorisant l’intermodalité. Actuellement, le territoire métropolitain compte 179 kilomètres de pistes cyclables dont 84 kilomètres sur la commune de Nice. Les aménagements cyclables ont donc doublé depuis 2008 !Des axes Nord-Sud de part et d’autre de l’avenue Jean Médecin ont été développés tout comme des liaisons Est-Ouest, le réaménagement de la Promenade des Anglais jusqu’à Carras et la création d’une liaison avec la vallée du Paillon. 

La Métropole a, dès 2009, élaboré une politique vélo ambitieuse avec le réseau Vélobleu, mis en service en juillet 2009 à Nice, Saint-Laurent-du-Var et Cagnes-sur-Mer, et complété en 2019 par la mise en place de plus de 285 vélos électriques en libre-service avec le dispositif e-Vélobleu qui compte plus de 6 000 adhérents.

Hors période de confinement, 2 000 à 2 500 Niçoises et Niçois utilisent Vélobleu quotidiennement. Le service compte plus de 17 000 abonnés et plus de 12 000 000 de locations depuis son lancement. Un « nouveau Plan vélo » ambitieux et en cours de préparation et va être dévoilé avant la fin avril. Il est construit autour d’une véritable philosophie du vélo comme moyen de déplacement, de transport du dernier kilomètre, de minibus pour se rendre à l’école ou encore de balade en famille, y compris pour les personnes à mobilité réduite, puisque des tricycles seront proposés en location.

Quels sont les prochains objectifs de pistes cyclables ? à court et moyen terme, et dans quelles zones de circulation en particulier ?

A présent, dans le cadre du schéma directeur cyclable inscrit au PLU, des itinéraires continus et sécurisés vont être déployés à Nice. Le vélo est systématiquement intégré à tous les projets d’aménagement, à l’image des axes Paul Montel-Simone Veil et de la place Île de Beauté dans le cadre de l’arrivée des lignes 2 et 3 de tramway. Concrètement, l’objectif de la Métropole d’ici 2024 est de créer 150 kilomètres d’aménagements sur le territoire, 75 kilomètres sur Nice et d’atteindre 10% de part modale vélo (contre 9% prévus par la Loi d’Orientation des Mobilités).  

Pour cela, un ambitieux Plan d’Action Vélo Métropolitain 2021 – 2025 a été doté d’une enveloppe de 20 millions d’euros sur six ans, soit près de 3,5 millions d’euros par an. Il s’agit de faire découvrir ou redécouvrir le vélo comme un mode de transport économique, silencieux et propre et ainsi d’offrir à tous les habitants la possibilité de pratiquer le vélo pour leur loisir ou pour aller travailler, au quotidien. Plus que le développement d’une pratique sportive, la Métropole développe un nouvel état d’esprit et une véritable économie autour du vélo.

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A l’échelle du territoire métropolitain, il s’agit de développer un réseau structurant reliant les communes les unes aux autres et connecté aux pôles générateurs de déplacements comme les gares et les pôles d’échanges multimodaux. Ce réseau intégrera l’aménagement du long des rives du Var, l’aménagement d’une piste dans la Vallée du Paillon pour connecter La Trinité à l’Est de Nice et un aménagement permettant de relier Vence et Saint Jeannet.

Le déploiement de bornes de recharge est-il une priorité en ce moment ? Où en sont les immeubles collectifs en matière d’équipement dans les parkings ? 

Afin d’aider un maximum d’usagers à passer sereinement à l’électrique, la Métropole va effectivement renforcer son maillage de bornes à recharge rapide et à recharge accélérée, notamment dans le moyen et le haut pays mais aussi dans les parcs relais métropolitains pour faciliter le stationnement et la recharge des usagers des transports en commun. A l’horizon 2026, 600 bornes seront déployées sur tout le territoire métropolitain.

Actuellement, la Métropole dispose d’un parc de 325 bornes sur son territoire dont 4 à recharge rapide. Les bornes disposent de prises de type 2 et de type E/F pour accueillir tous les types de véhicules électriques ou hybrides rechargeables. Les bornes rapides sont pourvues de prises de type CHAdeMO, COMBO. Sur l’année 2020, la Métropole a enregistré 60 000 sessions de recharge, soit 190 000 kwh délivrés. Ceci correspond à 135 tonnes de CO² épargnés. 

L’ancien réseau de bornes datant de 2011 (ex-Autobleue) va faire l’objet d’un renouvellement. Des bornes à recharge plus rapide et connectée seront installées. De plus, nous avons mis en place une subvention pour l’acquisition de bornes de recharge en copropriété. Les infrastructures de recharge éligibles concernent des bornes de recharge neuves dont la puissance est inférieure ou égale à 22 kvA. Les particuliers (propriétaire ou bailleur) établis en copropriété pour équiper leur place de parking dans la copropriété, et les copropriétés sur le territoire de la Métropole représentées par un syndic, sont éligibles à cette subvention.

La subvention accordée au bénéficiaire est de 25% des coûts d’acquisition et d’installation en euros TTC. Elle est cumulable avec d’autres aides comme le programme ADVENIR, qui subventionne 50% de 600 euros d’achat maximum par point de recharge pour les particuliers ou 50% de 1 300 euros pour les places de stationnement partagées.

Ce dispositif est maintenant relayé par notre tout nouveau Guichet métropolitain pour la Rénovation Energétique, qui a été créé en février dernier afin d’entrainer massivement les copropriétés vers les indispensables de rénovation énergétiques, avec notamment comme premiers objectifs la suppression des « passoires énergétiques » et des chaudières au fioul. Dans cette action grand public, il s’agit d’engager nos copropriétés à la fois sur la performance énergétique des bâtiments, mains aussi sur l’ensemble des aspects de la transition écologique : bac de tri des déchets, compostage, verdissement, panneaux solaires… mais aussi les garages à vélo et les bornes de recharge pour véhicules hybrides ou électriques en pied d’immeuble. 

illustration I LOVE NICE – crédits photos Ville de Nice

Après dix ans d’Autobleue, la version niçoise d’AutoLib mise en place en 2011, comment fonctionne le nouveau système d’auto-partage mis en place avec Renault Mobility ?

Pionnière, la Métropole Nice Côte d’Azur a été la première collectivité en France à proposer un service de voitures électriques en libre-service à l’échelle de son territoire. Lancé le 9 avril 2011, le dispositif Autobleue a été un service innovant venant compléter une offre de mobilité existante et répondant à une volonté de développer des modes de transports non-polluants. Cette expérience a été une réussite ! Elle a permis aux utilisateurs de modifier leurs habitudes de déplacements pour une solution 100% décarbonée. Le modèle économique de ce service ayant suffisamment évolué, il a permis au secteur privé de prendre le relais de la Délégation de Service Public. Renault – par l’intermédiaire de sa filiale Renault Mobility – fleuron de l’industrie automobile française et pionnier sur la mobilité électrique est le premier opérateur à être labellisé sur le territoire métropolitain.

Depuis le 1er janvier 2019, une flotte de 57 ZOE Life R90, fabriquées en France et utilisables en boucle fermée, a été déployée sur le territoire de la Métropole, sur les stations de Nice, Saint-Laurent, Cagnes-sur-Mer et Villefranche. Ce déploiement est le plus important depuis le lancement de Renault Mobility. Les utilisateurs bénéficient d’un parcours 100% digital via un site internet, une appli smartphone, disponible 24h/24 et 7j/7 et d’une tarification simple et plus avantageuse.

La proportion importante de personnes âgées et de retraités, sur la Côte d’Azur, est-elle un avantage ou un inconvénient au moment de lancer des projets sur les nouvelles mobilités ?

La politique de mobilité durable de la Métropole Nice Côte d’Azur s’adresse à l’ensemble de nos habitants, des étudiants aux retraités. Nous pratiquons des tarifs attractifs pour tous, avec l’un des tickets de transport le moins élevé de France au prix d’un euro.  De nombreuses aides financières sont également proposées pour les abonnements annuels ou mensuels des étudiants, actifs ou retraités. Nos habitants sont tous concernés par les nouvelles mobilités, y compris les seniors qui, grâce au renforcement du maillage de transports en commun, peuvent se déplacer plus facilement, sans utiliser de voiture, et à moindre coût.

Comment la Métropole Niçoise peut-elle, ou prévoit-elle de continuer à faire passer un message fort sur l’écologie durable et les nouvelles mobilités ?

Il s’agit d’impliquer, à chaque étape, l’ensemble des acteurs. C’est ce que nous avons fait dès la construction de la feuille de route du Plan Climat 2025, avec des concertations publiques afin de recueillir l’avis des habitants sur les mesures à mettre en œuvre, les améliorations à apporter… 

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Nous avons mis un point d’honneur à sensibiliser tous nos concitoyens aux causes environnementales et à communiquer efficacement pour bâtir le territoire de demain.  Une fois que les 167 mesures qui composent le Plan Climat ont été définies, nous avons créé le premier Conseil de Métropole pour le climat. Composé d’une soixantaine de citoyens, particuliers, scientifiques, membres d’entreprises ou d’associations, il représente un panel équilibré d’acteurs du territoire en prise directe avec les enjeux économiques et environnementaux. Il se réunira fréquemment, à la fois en format groupes de travail thématique ainsi qu’en assemblée générale pour faire le point sur les avancées du Plan Climat et sur les éventuels ajustements à apporter.

La pandémie de coronavirus a-t-elle eu des effets positifs sur la volonté des Niçois d’être plus solidaires et écologiquement responsables, ou d’autres effets ?

Christian Estrosi est très fier du comportement des Niçois.es dans cette période difficile. Ils ont fait preuve d’un grand respect des règles sanitaires en vigueur et il semblerait que certains en aient profité pour se familiariser avec le vélo par exemple. Une tendance qui s’est observée dans la France entière ! En juillet 2020, un premier totem a été installé à Nice sur la Promenade des Anglais, au niveau des de l’avenue des Bosquets, affichant le nombre de passages cyclistes par jour et le total cumulé sur l’année. En termes de fréquentation, on constate une augmentation significative par rapport à 2019, allant de +50% à + 100% sur certains points de comptage. La pandémie de Covid-19 aura certainement eu un effet non négligeable.

La Promenade des Anglais est le point de passage le plus important avec, en moyenne, plus de 5.500 passages journaliers. C’est près du double de ce qui était constaté avant le confinement du mois de mars. La piste cyclable de la Promenade du Paillon, plutôt utilisée pour les déplacements domicile-travail a vu une augmentation de plus de 50% avec désormais une moyenne de 1.500 passages et enfin, la piste le long de la Cagnes a également vu son trafic doublé avec plus de 600 cyclistes par jour.

Quelles autres actions sont en cours par rapport au développement des véhicules propres dans la métropole niçoise, pas seulement électriques ou hybrides ?

Pour encourager un plus grand nombre d’usagers à avoir recours aux véhicules électriques, une aide à l’acquisition a été mise en place. Le montant de la subvention était, jusqu’en 2020, de 2 000€. Il est passé à 3 000€ en 2021. Les véhicules neufs 100% électriques correspondant à la catégorie M1 acquis à compter de la date de prise d’effet de la délibération et immatriculés auprès de la préfecture des Alpes-Maritimes sont éligibles. La subvention est conditionnée à la mise au rebut de son ancien véhicule thermique et ne concerne uniquement les particuliers. Elle est cumulable avec les aides proposées par l’État, à savoir le bonus écologique et la prime à la conversion. Depuis 2017, année de lancement de l’aide métropolitaine, ce sont 53 dossiers qui ont été reçus dont 17 éligibles et payés. 

Outre le développement de l’électrique, la Métropole Nice Côte d’Azur lance une véritable stratégie de production et d’utilisation locale d’hydrogène vert. Deux unités de production et d’avitaillement en hydrogène vert seront créées d’ici 2025 à l’Est et à l’Ouest de Nice. Elles permettront de décarboner les lignes de bus à haut niveau de service, les navires, les taxis et les camions avec une première capacité de production annuelle visée de 260 tonnes. Ce carburant propre, produit localement, permettra d’éviter 60.000 tonnes de CO2 et d’économiser 25 millions de litres de gasoil. Une première ligne de bus 100% hydrogène vert sera également testée d’ici la fin du mois de mai 2021. 

La politique de « mobilités douces » c’est aussi de réduire les déplacements, de faire prendre conscience que le plus beau mode de déplacement c’est aussi la marche à pied à la découverte d’une ville verte, apaisée, où il fait bon « flâner » et lever son regard pour découvrir ou redécouvrir les architectures exceptionnelles que comptent les rues et quartiers de Nice, des villes et villages de la Métropole.

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